Situé tout près de l’ancienne ligne de démarcation qui a divisé Beyrouth durant la guerre, dans un quartier où la structure de la ville traditionnelle est absente, le Campus de l'Innovation, de l'Economie et du Sport épouse les limites de sa parcelle. Le contexte avoisinant s’apparente à un collage de bâtiments juxtaposés le long d’une voie, situation assez caractéristique de l'urbanisme du Liban d'après guerre, même si cette zone a un passé historique indéniable. Ce campus vertical est à la fois monolithique, fragmenté et ouvert. Il développe 60 000m2 de surface pour 6 000m2 d’emprise au sol. Son programme complexe car multiple a été abordé de sorte à ménager autant d’espaces affectés que d’espaces indéterminés. Une grande importance est ainsi accordée au vide comme support de la mobilité, de l’appropriation, de la rencontre, telle une approche de l’architecture par l’espace public, propre à l’expérimentation d’un quotidien nouveau. Cette conception de l’espace public comme espace de projet revêt à Beyrouth une valeur de résistance critique. Du fait de la guerre, la ville a en effet perdu la fonction de ses espaces collectifs.
En toiture, le vide - exploré comme un espace de potentiel - se poursuit telle une grande balade en surplomb de la ville. Sa valeur est d’autant plus forte que les portes à faux, et les tensions volumétriques sont exacerbées comme pour provoquer la culture architecturale moderniste. Nous demeurons dans une culture de la masse caractéristique de l'architecture libanaise. Mais cette « masse » est questionnée, mise sous tension comme l’est peut-être le Liban lui-même, actuellement.