Construit dans les années 1970, l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges existe dans le paysage à deux échelles extrêmes. Son image massive mais emblématique et rassurante s’affirmait clairement dans le grand paysage et les vues lointaines, depuis les avions décollant d’Orly, depuis la Nationale 6, depuis la voie SNCF Paris-Limoges...
L’Hôpital se dresse en haut des rives de l’Yerres et de la Seine, dominant un paysage de banlieue invraisemblable. Mais il est là. Rassurant comme une cathédrale, comme le recours ultime au milieu de son bassin de population. Pour Servir. En approchant, on se trouvait, avant les travaux, face à une "barre" un peu raide au milieu de son parc, un bâtiment d’une grande unité architecturale avec son socle et sa superstructure, ancré sans finesse à flanc de colline, une colline à gravir à pied pour atteindre le hall.
La construction du Pôle Femme-Enfant en avant du monobloc existant a été le moyen de corriger, refonder même, ce double rapport au site de l’ensemble de l’hôpital. Au niveau du grand paysage, l’horizontale de référence de la façade du nouveau rez-de-chaussée est affirmée fortement. Elle définit dans les vues lointaines le nouvel édifice conçu comme une unité. Elle est comme une ligne de référence de toute la figure : au-dessous, les mouvements du relief, de la topographie, au-des-sus, la silhouette de l’hôpital qui émerge de la colline boisée.
La façade du Pôle Femme-Enfant, étirée obliquement sur toute la longueur de l’IGH adoucit la fronta-lité de l’image actuelle du bâtiment en lui constituant un premier plan décomposé comme un pliage géant. Nous avons ainsi régénéré l’image de l’hôpital dans le pay-sage. Nous l’avons décomposée et recomposée géométriquement pour lui donner sa pertinence. En vue proche, pour qui veut y entrer, nous avons redessiné entièrement le rapport au sol du bâtiment. La construction du Pôle Femme-Enfant en avant du bâtiment actuel aggrave d’une certaine façon le rapport du rez-de-chaussée avec le sol d’arri-vée sur le site. Pour des questions de fonctionnalité, nous avons choisi de conserver sur un seul niveau (celui du hall actuel) le hall, les urgences étendues, la radiologie et le plateau de consultations : le rez-de-chaussée, de plain-pied avec le sol à l’ar-rière (l’arrivée des Urgences) est maintenant totalement décollé du sol au sud, à 12 mètres de haut. Le travail architectural de l’Atelier Michel Rémon a alors été double :
– Premièrement, rapprocher le hall du sol, le raccorder au sol, au sol de la ville, pour ceux qui arrivent à pied, en bus, en taxi ou en voiture particulière. Le grand cadre qui définit la forme architecturale du rez-de-chaussée de l’hôpital se déforme, se déplie et se pose au sol délicatement. Il tend les bras vers les gens, ceux qui arrivent, ceux qui ont besoin de l’hôpital : au premier degré, avec force, clarté et évidence. Ainsi, en arrivant, la façade de l’hôpital est accessible, poreuse, ouverte. Elle tend les bras.– Deuxièmement, nous avons redessiné le contact du bâtiment avec le sol, nous avons reconstruit la topographie du lieu pour qu’elle intègre le nouveau bâtiment sans violence en recherchant la continuité et la connivence.
Nous avons voulu don-ner l’impression que le sol naturel est proche du sol du hall, en le "remontant" artifi-ciellement. En dessinant le terrain en terrasses successives, en courbes de niveaux géométriques retenues par des gabions, nous avons encastré le bâtiment dans son site. En prolongeant ces lignes de niveaux devant le bâtiment, nous créons la fusion du bâtiment et du site. Nous cicatrisons la blessure passée entre l’architecture et le paysage. Enfin, arrivant en bas du site, la brutalité de la pente du terrain est corrigée. Les terrasses qui la redessinent seront comme un escalier pour l’œil, un escalier pour s’approprier le site, l’apprivoiser, l’humaniser.
Les matériaux de façade ont été choisis pour inscrire la silhouette de l’hôpital dans la clarté du ciel et conserver l’image du centre hospitalier en vue lointaine : – béton blanc autoplaçant sur la façade sud-ouest ;– cassettes métalliques blanches de grande dimension pour le monobloc existant et la façade nord du bâtiment neuf ;– bardage aluminium persienné gris métallisé sur les pignons nord-ouest et sud-est du Pôle Femme-Enfant ; – les soubassements du Pôle Femme-Enfant sont réalisés en gabions.